Quatre roues
Je n'innove pas en déclarant que l'image d'un détail peut être plus suggestive que la vue du sujet dans sa totalité. Le doux modelé d'une épaule porte l'imagination à se représenter entièrement le modèle féminin, sublimé. La perception d'une herbe des champs, d'une gerbe de fleurs sauvages ou d'un simple reflet aquatique rend plus charmant l'environnement bucolique que s'il était intégralement montré.
Le dessin d'une calandre ou d'un phare, grâce au savoir-faire du milieu du siècle dernier en la matière, évoque les splendides carrosseries faites de courbes, de contre-courbes, de chromes... parfois excessifs. Même de modestes autos de l'époque savent encore se défendre dans le domaine esthétique. Bien plus, à la vue de toutes ces beautés métallisées, des images enfouies se rappellent à notre souvenir et nous font revivre de fabuleux voyages au cours desquels, enfants, nous savions nous distraire d'un paysage inconnu ou d'un village assoupi traversé. Le ronronnement sécurisant du moteur valait bien la tonitruance de l'autoradio et le rafraîchissant souffle d'air par la vitre ouverte nous apportant les rumeurs extérieures était tellement plus joyeux que le confinement exigé par la climatisation.Allez ne boudons pas notre temps actuel : les autos sont merveilleusement conçues... grâce aux leçons apportées par la création et l'amélioration de leurs honorables ancêtres !
(copyright Jean-Michel Cagnon).